En l’an 221 avant notre ère, Qin Shi Huang, le premier empereur de Chine, achevait la réunification de la Chine. Quelques siècles plus tard, sous le règne de l’empereur Han Wudi, le Vietnam sera conquis et annexé à l’empire chinois. Les Vietnamiens vivront donc plus d’un millénaire de domination chinoise, période marquée surtout par la polarité suivante : d’un côté, les Chinois qui exploiteront et tenteront d’assimiler les Vietnamiens; de l’autre, ces derniers qui ne cesseront de lutter pour leur propre indépendance, résistant de leur mieux à l’envahisseur qui se faisait toujours plus présent.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Han%20Wudi.jpg.
Han WuDi

Pour procéder à la sinisation des Vietnamiens, l’empire chinois nommait des mandarins pour assurer l’administration du territoire. Toutefois, à cause des résistances de la part du peuple, l’administration prit un certain temps avant de s’étendre partout sur le territoire. On envoya aussi des scribes, qui furent à l’origine de l’implantation de l’écriture au Vietnam. L’empire chinois ne tarda pas à instaurer un système de tributs et de corvées; on faisait travailler les Vietnamiens en grosse partie pour le compte de l’empire. Si d’une part, le peuple se trouvait révolté devant une telle exploitation, on ne peut nier les avancées technologiques que connut le Vietnam grâce à la présence des Chinois sur son territoire; on importa des objets, des techniques d’agriculture, d’artisanat, le papier etc.

Côté culture, les Chinois croyaient que pour assurer une bonne unité dans l’empire, l’assimilation des Vietnamiens était essentielle. C’est pourquoi on importa aussi le confucianisme et plus tard, au deuxième siècle de notre ère, le bouddhisme ainsi que le taoïsme. On assiste à une transformation féodale du Vietnam; on remarque aussi que les seigneurs sont beaucoup plus proches des paysans que de l’administration. Ils prenaient d’ailleurs part aux révoltes paysannes; prenons notamment l’exemple de la révolte des sœurs Trưng (40-43).

 La révolte des soeurs Trưng

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Soeurs%20Trung.JPG.
La révolte des soeurs Trưng

    Trưng Trắc et Trưng Nhị sont deux héroïnes de l’histoire vietnamienne; elles sont encore de nos jours deux femmes très révérées pour leur lutte contre l’empire chinois. L’époux bien-aimé de Trưng Trắc, Thi Sách, était un seigneur féodal qui fut exécuté par l’administration dans le but de décourager les rébellions paysannes. Au contraire, son exécution déclencha un mouvement de révolte sans précédent jusqu’à lors. Les sœurs allèrent même jusqu’à proclamer leur propre royaume, qui dura plus de deux ans. Ma Yuan, un général chinois, sera spécialement dépêché au Vietnam pour mettre fin aux troubles engendrés par la révolution des sœurs Trung. Malheureusement pour elles et leurs troupes, Ma Yuan réussit à prendre le dessus et vaincre la résistance vietnamienne en l’an 43. 

La révolte de Lý Bí 

Lý Bí

L’histoire vietnamienne connut de nombreuses autres révoltes contre l’autorité chinoise. On dit même que les annales chinoises décrivaient le peuple vietnamien comme une population ayant tendance à se rebeller. Une insurrection notable fut celle de Lý Bí, qui réussit à chasser les troupes chinoises. Il se proclama empereur en 544, mais son règne ne sera que de courte durée car l’année suivante il est défait, et meurt quelques années plus tard, en 548. Bien qu’éphémère, son royaume (Vạn Xuân) a néanmoins fortement marqué l’histoire vietnamienne, si ce n’est que pour la confirmation qu’il existait bel et bien une forte identité voire même un nationalisme chez les Vietnamiens.

Par la suite, il imposa certains aspects culturels de la Chine au Vietnam, notamment les lois, rites, écriture ainsi que certaines idées religieuses chinoises, toujours dans le but d’accélérer l’assimilation culturelle.

En 618, la Chine passe sous le règne de la dynastie Tang. Sous celle-ci, la Chine connut une floraison de l’art et la culture. Elle fut cependant aussi une ère de nouvelles insurrections contre l’occupant chinois au Vietnam, car l’administration Tang était plus sévère et exigeante de les précédentes. À la fin du règne des Tang, en l’an 907, le sud de la Chine se partageait déjà en sept royaumes et ce, depuis 902. Il s’agissait là d’une occasion en or pour le Vietnam de tenter une fois pour toutes d’ébranler l’administration chinoise que le peuple rêve depuis si longtemps d’évincer.

L’assassin de Dương Đình Nghệ avait demandé des renforts auprès des Chinois. Alors que la flotte chinoise s’approchait de l’embouchure de la rivière Bạch Đằng Giang, Ngô Quyền fit planter des pieux aux pointes de fer au fond du fleuve. À marée haute, la flotte ennemie s’aventura dans l’embouchure du fleuve. Une fois la marée redescendue, Ngô Quyền lança une attaque contre les vaisseaux chinois, qui durent prendre la fuite. Cependant, les pieux qui sortaient de l’eau à cause du bas niveau de l’eau empêchèrent les Chinois de s’enfuir. La moitié des forces chinoises furent décimées par les troupes de Ngô Quyền. C’est en l’an 939 que le pays Viêt déclare enfin son indépendance des Chinois; cette longue période de domination aura duré plus de mille ans.

Vers la fin de la domination chinoise

En 905, la population réussit à chasser le gouverneur chinois en place; on proclame Khúc Thừa Dụ gouverneur. À sa mort, en 907, le pouvoir est légué à son fils Khúc Hạo. Le peuple vietnamien connaîtra quelques années de tranquillité, avant de replonger encore une fois dans l’incertitude causée par l’invasion du roi de Canton (une des provinces du sud de la Chine) et la capture du gouverneur Khúc Hạo, en l’an 930. Toutefois, dès l’année suivante, Dương Đình Nghệ, ancien lieutenant du gouverneur, réussira à repousser l’avancée des Chinois et à reprendre le territoire. Quelques années plus tard, il est assassiné par un de ses propres officiers. Il sera vengé par son gendre Ngô Quyền, qui deviendra l’acteur principal de l’indépendance vietnamienne, le héros de la bataille de la rivière Bạch Đằng Giang.

Ngô Quyền mène la bataille de la rivière Bạch Đằng Giang

Sources bibliographiques :

LAUNAY, Adrien (1884). Histoire ancienne et moderne de l’Annam : Tong-King et Cochinchine depuis l’année 2,700 avant l’ère chrétienne jusqu’à nos jours, Paris, Challamel aîné, p. 36-39.MASSON, André (1960). Histoire du Vietnam, Paris, Presses universitaires de France, p. 20.

NGUYEN, Khắc Viện (1993). Vietnam, une longue histoire, Hanoi, The Gioi, pp. 20-30.

LÊ, Thành Khôi (1992). Histoire du Vietnam des origines à 1858, Paris, Sudestasie, pp. 87-122