La mission civilisatrice de l’Union française

Sous l’Union française, le Vietnam n’existait pas en tant que tel. Il consistait en trois régions réunies sous l’autorité française : le Tonkin (provenant de son ancien nom chinois 東京 Đông Kinh, qui signifiait la “capitale de l’Est”; ancien nom de Hanoi), l’Annam (安南 An Nam, signifiant “sud tranquillisée”, nom que les Chinois lui avaient attribué autrefois; l’actuel Huế) et la Cochinchine (nommée ainsi par les Portugais car ils faisait la route maritime de l’Inde vers la Chine à partir de la ville de Cochin; l’actuel Hồ Chí Minh Ville). L’Annam était géré par une administration de protectorat. La Cochinchine était une colonie alors que le Tonkin était une administration mixte.

Les colonisateurs français implantèrent dans les trois régions l’enseignement en français et en vietnamien latinisé, le quốc ngữ, afin de former des ouvriers, des employés et des fonctionnaires pour ensuite les engager en France. Ils développement aussi des services de santé tels que les dispensaires et les hôpitaux, des réseaux de transport (chemin de fer, routes, ponts, ports) et de communication (radio, télégraphie).

Ces institutions avaient pour but d’améliorer la santé de la population et élever leur niveau d’éducation; elles étaient essentielles à la “mission civilisatrice” de la France, c’est-à-dire moderniser le nouveau pays et le sortir de son archaïsme. Cependant, ces objectifs visaient surtout à développer l’économie de la France. Les dispensaires de santé, les hôpitaux et les médecins éparpillés dans la colonie servaient à maintenir la bonne santé de la population autochtone, afin qu’elle soit en état de travailler dans les fabriques et les usines. Quant à l’éducation, il fallait s’assurer que cette main-d’œuvre ouvrière sache lire les instructions de fabrication et de manipulation de leurs outils de travail. La “mission civilisatrice” est en réalité une exploitation des Indochinois, mais déguisée en une appellation politiquement correcte. Cette période de colonisation d’exploitation fut très rude pour les Vietnamiens.

Naturellement, il va sans contredire que la colonisation dure des Français fait soulever des contestations. En 1908, deux nationalistes vietnamiens, Phan Bội Châu et Phan Châu Trinh, ont fortement influencé des mouvements de soulèvement et de contestation contre la domination française. Les mouvements ont été réprimés, mais les Français réalisent l’importance d’assouplir leur politique coloniale, ne serait-ce que pour calmer la population.

Références

Carte:
SELLIER, Jean (2001). Atlas des peuples d’Asie méridionale et orientale, Paris, La Découverte, 208 pages.