Selon Human Rights Watch, le Vietnam ne respecte pas plusieurs droits humains. Tout d’abord, étant donné que le Parti communiste contrôle le pouvoir politique, et qu’il ne permet pas aux gens de s’opposer à lui, les libertés ayant trait à l’opposition au parti au pouvoir ne sont pas vraiment respectées. Ainsi, les libertés d’expression, de presse, d’opinion, de religion et d’association ne sont pas totalement considérés.

Ces personnes sont des militants pro-démocratie qui furent arrêtés pour s’être opposés au Parti communiste. En ordre, de gauche à droite, et de haut en bas : Pham Chi Dung, Nguyen Tuong Thuy, Le Huu Minh Tuan, Pham Chi Thanh, Tran Duc Thach, et Dinh Thi Thu Thuy.

Les gens qui s’opposent au Parti communiste, qui sont plus souvent qu’autrement des blogueurs ou des militants activistes pour les droits humains se font maltraiter parce qu’ils ne respectent pas cette règle non-officielle selon laquelle on ne doit pas s’opposer au gouvernement. Ils se font intimider, agresser, emprisonner et harceler, seulement parce qu’ils ne sont pas d’accord avec le gouvernement de leur pays. Comme mentionné par Human Rights Watch : “Des fermiers sont privés de leurs terres sans compensation adéquate, et les travailleurs ne sont pas autorisés à former des syndicats indépendants.” On mentionne aussi que la police bat sévèrement le peuple, allant jusqu’à la torture, lorsqu’il n’est pas d’accord avec l’État ou lorsque les autorités désirent des aveux de la part de citoyens. Enfin, le gouvernement fait de l’ingérence dans ce qui a trait au système judiciaire, ce qui est un flagrant manque de démocratie.

L’économie du Vietnam actuel est de nature non socialiste, mais le type de gouvernement du PCV est encore socialiste. C’est un gouvernement à parti unique, où l’État conserve un contrôle directorial, mais qui est plutôt dictatorial. La dureté du régime soulève beaucoup de protestations et de revendications, même jusqu’en 2013.

Le régime avait gagné sa légitimité en conduisant le pays vers l’indépendance. Maintenant, il tente de justifier sa légitimité, de la conserver, en conduisant le pays vers la modernisation. Plus d’un se sont soulevés réclamer une démocratie réelle. Par exemple, le général Tran Do, qui était un vétéran du Parti pour la lutte de l’indépendance et de la guerre de la réunification. Après la réunification, il était nommé à la Commission de la culture du Parti. De 1997 à 1998 et en 2000, il avait publiquement position pour protester contre le plein pouvoir que le PCV s’est octroyé. Le Parti ne suivait pas le modèle de Ho Chi Minh. L’ancien président, même s’il se chargeait de faire les négociations diplomatiques, déléguait toujours ses pouvoirs à d’autres. Cette façon de travailler dans l’ombre de Ho Chi Minh avait attiré vers lui l’appui de plusieurs responsables de compétence, car Ho leur donnait un sentiment de responsabilité qui les motivait à la cause de l’indépendance du pays. Le Parti actuel s’emparait de tous les pouvoirs pour lui seul. En 1999, Tran Do a été exclu du Parti et était assigné à sa résidence. Il meurt en 2002.


Politique et religion

Pour se protéger et se préserver contre répercussions des changements sociaux, le Parti-État ne tolère aucune contestation de son pouvoir et de l’exercice qu’il en fait, même si la Constitution reconnait des droits fondamentaux aux citoyens. En avril 1990, le prête catholique Chan Tin fait le discours suivant:

« La déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU a été approuvée par le Viet Nam. Les droits de l’homme et du citoyen sont aussi inscrits dans la Constitution : la liberté d’opinion, la liberté de la presse. La liberté de fonder des associations la liberté de manifestation, la liberté de croyance, l’inviolabilité de la personne physique […] l’inviolabilité du domicile, le secret de la correspondance, des communications téléphoniques et télégraphiques, la liberté de circulation et le choix de la résidence […] lorsque nous observons la réalité, hélas, nous ne pouvons qu’éprouver de la souffrance. » 

(Brocheux 2011, p. 236-237)

Ce discours du prêtre lui a valu d’être assigné en résidence surveillée pour 10 ans. Le PCV considère que toutes les organisations religieuses sont des facteurs de risque contre son pouvoir.

Au Vietnam, de 8 % à 10 % de Vietnamiens, sur 80 millions, sont des catholiques, soit la deuxième population catholique la plus importante en Asie après les Philippines. Cependant, le droit de pratiquer la religion n’est pas total. Les prêtres, les manifestants et les avocats catholiques sont souvent harcelés, arrêtés et jugés tandis que les pratiquants et les femmes sont parfois molestés pendant les célébrations.


Revendication pour le respect de la Constitution

Des campagnes ont été organisées pour revendiquer le respect de la Constitution et des droits de libertés ne cessent d’avoir lieu au Vietnam. Le plus fameux est le BLOC 8406 (chiffre de sa naissance, le 8 avril 2006). Le Bloc regroupe des activistes et des juristes qui dénoncent le manquement à la Constitution de la part du PCV. Les juristes subissent des répressions par la police, car ils étaient les mieux placés pour savoir les contradictions entre les principes de la Constitution et les pratiques du gouvernement. De 2007 à 2008, le Parti a procédé à faire arrêter plusieurs membres du Bloc et de journalistes, sur l’accusation d’évasion fiscale ou de propagande contre le Parti. L’avocat Lê Công Dinh et le blogueur Nguyen Van Hai Dieu Cai, tous deux sous les regards de Human Rights Watch, sont parmi les détenus.

Les opposants (avocats, blogueurs individuels, journalistes, etc.) au PCV ne se limitent pas à critiquer le manque de respect à la Constitution de la part du Parti, mais critiquent aussi le Parti de faire des concessions foncières et minières qui mettent en danger l’environnement. En 2008, au moment des Jeux olympiques à Beijing, des manifestants protestent contre la concession d’un gisement de bauxite situé au nord du Vietnam à une firme chinoise, favorisant ainsi plus l’expansion chinoise en Asie. Pham Thanh Hai, un avocat de formation qui faisait partie des manifestants, s’était vu refusé du droit de pratiquer sa profession. 

Les groupes de manifestants et les blogueurs (dont Ta Phong Tan, Phan Thanh Hai et Nguyen Van Hai) revendiquent le respect des droits et des libertés fondamentales, mais dénoncent aussi la corruption, qui s’était répandue jusqu’au plus haut niveau du Parti. Le Vietnam est peut-être un « dragon dormant » sur le plan économique, mais sur les droits humains, il a encore un long chemin à faire. 


Sources bibliographiques:
BROCHEUX, Pierre (2011). « Et la politique? », dans Histoire du Vietnam contemporain : la nation résiliente, Paris, Fayard, pp. 225-238.

RICHARD, Francis (2008). Le blog de Francis Richard, [En ligne] URL : http://www.francisrichard.net/article-23140221.html(consulté le 13 janvier 2013).

ÉTHIQUES ET RELIGION (2008). « Terres confisquées : les catholiques vietnamiens mettent Hanoi sous pression », Le Devoir, 28 janvier 2008, [En ligne] URL : http://www.ledevoir.com/societe/ethique-et-religion/173606/terres-confisquees-les-catholiques-vietnamiens-mettent-hanoi-sous-pression (consulté le 13 janvier 2013).

« Vietnam », Human Rights Watch. https://www.hrw.org/fr/asia/vietnam. (Consulté le 18 avril 2021).

« Vietnam : Durcissement de la répression de la dissidence pacifique », Human Rights Watch. 19 juin 2020. https://www.hrw.org/fr/news/2020/06/19/vietnam-durcissement-de-la-repression-de-la-dissidence-pacifique (Consulté le 18 avril 2021).