C’est sous la dynastie Lý que la littérature vietnamienne commença à se développer.

En plein cœur de la quatrième période de domination chinoise (la plus radicale et sévère de toutes), la majeure partie des œuvres écrites classiques vietnamiennes fut brûlée, si bien que les écrivains se mirent à utiliser le chữ nôm, un système d’écriture utilisant des sinogrammes légèrement modifiés permettant d’écrire en vietnamien avec des caractères chinois classiques, plutôt que leur système d’écriture traditionnel. Bien que considéré inférieur au chinois, le chữ nôm vit son prestige s’accroitre progressivement.


Alexandre de Rhodes

Au 18e siècle, la littérature vietnamienne était si florissante que le chữ nôm devint momentanément le système d’écriture officiel du pays. Le quốc ngữ, pourtant inventé au 17e siècle, ne devint populaire qu’au début du 20e, quand l’administration française d’Indochine en imposa l’utilisation. Depuis, la quasi-totalité de la littérature vietnamienne est composée en quốc ngữ. Dans la propagation du quốc ngữ, les dictionnaires, les nouvelles et quelques romans maladroits, mais surtout les journaux ont joué un rôle important. De 1917 à 1945, une période très féconde en littérature voit se multiplier des œuvres dans tous les domaines, incluant poésie, roman, théâtre, critique et histoire. De nombreuses tendances se suivent et coexistent, dont le romantisme et le réalisme, la poésie classique et nouvelle, etc…

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Hoàng Cầm

Après 1945, la littérature devient ce qu’on appelle la littérature “de résistance”. La révolution et la guerre d’indépendance suscitent l’enthousiasme et la ferveur, chez les soldats, paysans et ouvriers comme chez les intellectuels qui suivent les combattants et partagent leur vie, redécouvrant la culture populaire, découvrant les minorités montagnardes parmi lesquelles ils vivent. Dans le Nord, cette littérature se traduit par des thèmes comme l’amour du sol natal, de la lutte nationale et de l’amour tout court. Parmi les poètes, il faut citer le président Hồ Chí Minh qui adresse régulièrement ses vœux et ses encouragements à la population, Tố Hĩn, le grand chantre de la résistance, Hoàng Cầm, Nguyễn Đình Thi, etc… Dans le Sud, les écrivains jouissent d’une plus grande liberté, car la littérature n’est pas contrôlée par le Parti. Le roman est le genre le plus développé, il reflète l’évolution des mœurs, notamment chez la femme, les idées des écrivains ainsi que l’influence des courants internationaux.

L’année 1975 voit la réunification du pays. Le Parti resserre d’abord son contrôle sur l’activité artistique, mais ses échecs répétés dans plusieurs domaines l’amènent à lancer la “rénovation” ou le “renouveau” (Đổi Mới) sur les plans économiques, politiques et littéraires en 1986. Tandis que la critique littéraire est réexaminée, une nouvelle génération d’écrivains apparaît. Le roman et la nouvelle l’emportent sur la poésie et le théâtre. On se tourne plus qu’avant vers l’introspection psychologique, on cherche de nouveaux moyens d’expression combinant le récit, le journal intime, le monologue, la linéarité et l’enchevêtrement du temps. Il faut noter aussi l’importance croissante des auteurs féminins, dont les plus jeunes se préoccupent surtout des problèmes des individus.