La Première Guerre mondiale et ses conséquences  

En fait, les Français n’avaient pas le choix d’assouplir leur politique coloniale. L’Europe entre dans la Première Guerre mondiale en 1914. La France avait besoin de concentrer ses ressources humaines et financières pour défendre la nation; après tout, il était de loin plus important de garder le financement pour la guerre plutôt que de s’en servir pour gérer une colonie lointaine. De plus, la France avait besoin de ses colonisés; elle avait besoin de plus d’hommes sur le champ de bataille et autant d’ouvriers pour travailler dans ses usines. Le Vietnam indochinois envoya 100 000 soldats et ouvriers pour faire la Grande Guerre.

À la fin de la Guerre en 1918, une classe de bourgeoisie vietnamienne s’est constituée. Cette classe put émerger grâce à l’obtention de droits concédés par la France pour sa participation à la guerre. La France leur avait promis d’accorder des droits en échange de leur participation à la Guerre : citoyenneté française (obtenir les mêmes droits civils que les Français), des terres (pour les paysans) et de l’argent envoyé aux familles de ceux qui étaient en guerre. La France n’a pas tenu toutes ses promesses, et ce n’est malheureusement pas tout le monde qui a pu profiter de celles qu’elle avait honorées.

La classe moyenne qui a émergé provient d’un corpuscule de ceux qui ont gagné quelques droits. Pour la très grande majorité de cette classe, ce sont les Vietnamiens éduqués à la française. Elle est constituée, pour la plupart, d’intellectuels, de médecins et de fonctionnaires. Lorsque ces Vietnamiens étaient en France pour la Guerre, ils ont vu des nouvelles réalités. Ils découvrent la liberté française et aspirent à obtenir cette même liberté au sein de l’Indochine. Ils découvrent aussi que les Français et les Occidentaux n’étaient pas aussi civilisés qu’ils avaient prétendu l’être. Ces Occidentaux étaient aussi des barbares. Cette boucherie humaine qu’était la Guerre coûta la vie à 9 million de soldats et fait 8 millions d’invalides, sans compter les destructions matérielles. Les Occidentaux, dont les Français, étaient encore plus barbares que les colonisés eux-mêmes.

À la fin de la Guerre, la France ne voulait pas relâcher l’Indochine. Elle avait absolument besoin de la colonie pour l’aider à se reconstruire après la Guerre. L’Indochine représentait un marché où elle pouvait écouler ses produits. Elle possédait aussi des ressources (mines, plantations, agricultures) que la France souhaitait continuer d’exploiter pour son propre profit. L’Indochine lui était nécessaire pour s’affirmer comme étant encore une puissance hégémonique, c’est donc pourquoi la France ne voulait pas perdre cette colonie. Elle voulait conserver ses pouvoirs sur l’Union pour lui appliquer la politique de “mise en valeurs” (accentuer les exploitations de ses richesses et de ses ressources). C’est pour cette raison qu’elle refusait d’accorder des libertés aux colonisés vietnamiens, surtout des libertés politiques.

La France avait enseigné aux colonisés les valeurs de la liberté, l’égalité et la fraternité. Concrètement, les colonisés étaient soumis à la France (non fraternité), étaient moins bien payés que les Français même s’ils étaient plus scolarisés et plus compétents (non égalité) et n’avaient pas le droit d’exprimer librement leurs opinions (non liberté). Confrontés aux faits que la France ne tient pas les promesses faites avant la Guerre et que la colonisation s’intensifie de plus en plus et toujours plus sévèrement, beaucoup de Vietnamiens organisent des mouvements clandestins dans la colonie ou dans la périphérie des frontières de la colonie. Ces mouvements visaient tout naturellement à se défaire de la colonisation française.

Deux mouvements ont fait beaucoup d’échos auprès des colonisés vietnamiens : le Parti national Việt Nam Quốc Dân Đảng (VNQDĐ) et le Parti communiste indochinois, qui était dirigé par Nguyến Sinh Cung (Nguyến Tất Thành, Ái Quốc, Hồ Chí Minh ou plusieurs autres pseudonymes). Le soulèvement du VNQDĐ en 1927 ébranla l’administration française. Cette dernière parvint à mater le soulèvement, mais réalisa que la stabilité politique de la colonie était en grave danger.

Hồ Chí Minh
Déclaration d’indépendance du Vietnam
à la radio par Ho Chi Minh,
2 septembre 1945.

La Deuxième Guerre mondiale et ses conséquences

Lors de la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945), la France fut vaincue et la République tomba sous le régime fasciste de Vichy. L’administration de l’Indochine fut partagée entre la France et le Japon. À cause de cette domination double, des organisations communistes se forment à la frontière chinoise. En 1941, le Front pour l’indépendance du Vietnam (Việt Minh) vit le jour. Le Front était composé de communistes et de nationalistes, qui tous aspiraient à se défaire des dominations étrangères sur le Vietnam indochinois. Sous le commandement du général Nguyễn Giáp, les Vietminh prirent contrôle des zones montagneuses du Tonkin et de l’Annam en 1945. Les mouvements profitaient du fait que la France était prise dans la Guerre pour gagner plus de contrôle. Le 19 août 1945, les Vietminh s’emparèrent de Hanoi et obligèrent Bao Ðài à abdiquer. Le 2 septembre 1945, Hồ Chí Minh proclama alors l’indépendance de République démocratique du Vietnam (RDV).

Références

SELLIER, Jean (2001). Atlas des peuples d’Asie méridionale et orientale, Paris, La Découverte, 208 pages.

ISKANDAR, Kara (2010). « La Guerre d’Indochine 1946-1954 », Histoire pour tous, 09 août. [En ligne] URL : http://www.histoire-pour-tous.fr/guerres/3066-la-guerre-dindochine-1946-1954.html (consulté le 12 janvier 2013).