Après la réunification du pays, Hanoi continue à se protéger de l’ouest, qui était encore sous l’influence des États-Unis. Il soutient le gouvernement communiste du Laos, le Pathet Lao car ce dernier l’avait aidé lors de l’usage de la « piste de Ho Chi Minh ». Toutefois, Hanoi avait des relations hostiles avec les Khmers rouges qui contrôlaient le Cambodge. Les Khmers rouges étaient très antivietnamiens; peut-être était-ce à cause de la mémoire de la période de l’Union indochinoise, où les colonisateurs français avaient importés des Vietnamiens pour gérer et administrer le Cambodge. Lors de cette période, les Français donnaient plus de droits aux fonctionnaires vietnamiens qu’aux fonctionnaires cambodgiens.

Donc, les Khmers rouges, sous Pol Pot, étaient antivietnamiens et prochinois. Le régime de Pol Pot se livrait à la persécution, à l’exécution et aux massacres des minorités vietnamiennes qui résidaient au Cambodge. Au début, Hanoi fermait les yeux sur les meurtres de Pol Pot, car il dépendait du régime communiste chinois, qui soutenait Pol Pot.

En 1978, les deux alliés de Hanoi, la Chine et l’URSS, se brouillèrent dans leurs relations. Hanoi dut choisir entre l’une des deux puissances et arrêta son choix sur l’URSS, qui était plus puissante en armement militaire. Les relations entre Beijing et Hanoi étaient désormais brisées. Le 25 décembre 1978, les troupes vietnamiennes entrèrent à Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Elles renversèrent le régime de Pol Pot et mirent à la place un régime ami de Hanoi.

Une autre des raisons pour laquelle Hanoi avait choisi l’URSS plutôt que le Chine était d’ordre économique. À Saigon, dans le quartier de Cholon, résidaient des Chinois et des sino-vietnamiens. Cette minorité contrôlait plus de 50 % des activités économiques du sud du Vietnam. Hanoi avait besoin de reprendre contrôle de ses activités économiques. En 1978, on lançait une campagne idéologique contre les “éléments bourgeois” pour faire la purge de tout ce qui représentait la bourgeoisie et la “décadence” du capitalisme de type américain. Cette campagne visait surtout les bourgeois chinois. Le régime communiste vietnamien offrait deux choix à la minorité chinoise : soit elle se déclarait de nationalité vietnamienne et pouvait continuer ses activités, ou si elle se déclarait chinoise, elle devait quitter le Vietnam et tout laisser derrière elle.


La Chine répliqua “pour punir le Vietnam” dans la guerre sino-vietnamienne qui débute le 17 février 1979. L’explication donnée était qu’elle protestait contre le traitement que la minorité chinoise subissait au Vietnam, mais c’était surtout à cause de l’occupation vietnamienne des Îles de Spratly au large du Vietnam, dont la Chine revendiquait les droits. Les troupes chinoises attaquèrent simultanément au long de la frontière nord du Vietnam pendant que Hanoi devait faire front contre le Cambodge au sud. Le 6 mars 1979, les troupes chinoises se retirèrent du Vietnam. Les troupes vietnamiennes ne se retirèrent du Cambodge qu’en septembre 1989.

Sources bibliographiques

SELLIER, Jean (2001). Atlas des peuples d’Asie méridionale et orientale, Paris, La Découverte, 208 pages.

TRAN, Thi Hao (2007). Une introduction à la connaissance du Vietnam, Paris, L’ Harmattan, 310 pages.