Après plusieurs tentatives de réformes économiques et agraires pour améliorer les revenus du pays qui sortait de près de 30 ans de guerres et de colonisation, le Parti communiste vietnamien va proclamer un renouveau de l’économie, le Đổi mới, en 1986.

Cette nouvelle vision, tout en restant dans l’optique socialiste du Parti, s’inspire de celle de la Chine et transforme l’économie planifiée et dirigée en une économie régulée par le marché et ouverte aux investissements étrangers. On abolit le contrôle des prix, on reconnait le secteur privé et on coupe dans les subventions. On lève aussi les contraintes de la collectivisation des terres agricoles qui pesaient lourdement sur la population paysanne.

L’économie agricole va connaître du succès et la production va augmenter rapidement, particulièrement la production de riz. Ce phénomène va aussi affecter les plantations commerciales comme la canne à sucre, le café, le thé, le poivre, le coton et le caoutchouc; et augmenter la production d’aquaculture. Les changements sociaux vont rapidement suivre les changements économiques. L’éducation et la santé ne seront plus financées par l’État et la liberté religieuse va s’améliorer, grâce à des dons privés faits à plusieurs institutions religieuses qui vont ouvrir plus de temples. La liberté religieuse va cependant rester sous haute surveillance du Parti qui va étouffer toute incursion religieuse au niveau politique.

Le Đổi mới est une tentative du Vietnam de profiter de l’attrait économique de l’Asie qui, vers la fin des années 1990, voit les dragons et les tigres asiatiques devenir de plus en plus important sur le plan international. Le Vietnam va tenter d’imiter le même modèle et va miser sur le faible coût de la main-d’œuvre, particulièrement dans le domaine de l’agroalimentaire et du textile, pour devenir un joueur important au niveau du marché de l’exportation.

Le Vietnam va aussi s’ouvrir de plus en plus aux capitaux étrangers. La peur de la dissolution de l’Union soviétique, son principal partenaire commercial et alimentaire va pousser le gouvernement vietnamien à diversifier ses échanges avec les autres pays et à signer un traité d’entente avec les États-Unis ainsi qu’à entrer dans l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation), l’AFTA (Asean Free Trade Association) et il va même intégrer l’OMC.

Les effets du Đổi mới sont toujours visibles de nos jours puisque le Vietnam est devenu un des principaux exportateurs de café et de riz au monde, grâce à cette ouverture économique dirigée vers l’extérieur. C’est aussi grâce à ce renouveau que l’essor de l’économie vietnamienne va connaitre une progression impressionnante qui va lui permettre de mieux résister à la crise asiatique de 1997 ainsi qu’à la crise économique mondiale de 2008 que d’autres pays asiatiques

Le Đổi mới vise aussi à donner une certaine légitimité au gouvernement vietnamien puisqu’il va devenir important d’accroître la qualité de vie des Vietnamiens après les nombreuses années de guerre qu’a connue le pays, réorganiser la croissance économique et récupérer certaines traditions religieuses pour les adapter à un État communiste.

Il est cependant important de retenir que le Đổi mới a bel et bien permis de relancer l’économie vietnamienne pendant plusieurs années, mais le manque de nouvelles idées politiques et économiques dû à la peur de déstabiliser le régime en place va faire perdre au Vietnam l’élan qu’il s’était donné. Son taux de croissance économique va commencer à décliner au début du 21e siècle et les investissements étrangers vont se faire de plus en plus rares, ce qui place dorénavant l’avenir économique du pays dans une situation précaire.

Le Đổi mới : qu’en est-il après 35 ans?

Sources bibliographiques:

BERGET, Pascal (2002). Paysans, État et marchés au Vietnam  Paris, Karthala-GRET, 291 pages.

JEFFRIES, Ian (2011). Contemporary Vietnam : A Guide to Economic and Political Developments, New York, Routledge, 238 pages.

BROCHEUX, Pierre (2011). Histoire du Vietnam Contemporain : la nation résiliente, Paris, Fayard, 291 pages.